To pimp a butterfly
To pimp a butterfly
Le tremblement de terre de l’année musicale 2015… Rien moins que cela (preuves en sont les derniers Grammy Awards, et l’extrait vidéo proposé ci-après…).
Suite à ses premiers albums, plus dans la lignée du rap « gangsta » et du son « Compton » (Dr Dre, vous connaissez ?), Kendrick Lamar, prodige de la Côte Ouest, a surpris ici tout son monde, en puisant notamment son inspiration auprès de l’autre Los Angeles, celle de producteurs de génie que sont Flying Lotus & Taz Arnold (ce dernier a notamment assuré la production des albums de Pharrell Williams & Sufjan Stevens dernièrement : notez le grand écart !).
Plane aussi, dans cet album-manifeste - album-spectacle diront certains journalistes -, l’âme de J. Dilla, autre (regretté) producteur hors-pair de la côte Ouest : sont ainsi balayées, de façon luxuriante et baroque, 50 ans de musique noire américaine.
Sur cette œuvre protéiforme donc, où les invités sont du meilleur goût (George Clinton des Funkadelic en guise d’amuse-bouche…), Kendrick Lamar pousse le rap (mais est-ce encore du rap ?) dans ses derniers retranchements, quand ce dernier embrasse (et embrase) d’un seul et long mouvement, le jazz, la soul, le funk, le groove (et même le rock !), avec des ruptures de tons, de rythmes et d’intonations qui maintiennent l’auditeur en perpétuelle alerte…
Les thématiques et effets stylistiques sont au diapason : joutes verbales, autodérision et messages cryptiques servent les différents personnages habités par Mister Lamar, qui s’autoproclame, non sans un certain panache, chantre de toute la communauté noire américaine.